Prendre sa retraite en France : ce que dit la loi

Publié le : 08 septembre 20209 mins de lecture

Si vous envisagez d’acheter une résidence secondaire ou permanente en France dans le cadre de votre retraite, il sera important de passer en revue les différentes implications qui peuvent en découler, tant pour le droit successoral que fiscal, ainsi que pour d’autres raisons. Dans cet article, nous passerons en revue certains des problèmes liés à la propriété d’un bien immobilier français.

Vous aurez sans aucun doute des testaments anglais en place, et sinon, vous devriez consulter votre avocat pour cela. Cependant, avant de penser à un nouveau testament anglais, vous devez comprendre comment les régimes juridique et fiscal français et anglais fonctionnent ensemble et comment tout cela vous affectera.

Le fait que vous déménagiez définitivement en France ou que vous achetiez une maison de vacances influencera la rédaction de votre testament. En effet, les lois française et anglaise s’accordent sur un point particulier – que la loi du pays où se trouve une maison régit sa transmission à votre décès, tandis que la loi du pays de votre résidence finale régit la manière dont tous vos autres biens, tels que vos investissements. Ainsi, si vous restez vivant au Royaume-Uni, vos testaments anglais régiraient votre maison anglaise et vos autres biens, tandis que si vous déménagez définitivement en France, votre maison en France et vos biens personnels sont inévitablement régis par le droit français.

Il est possible qu’un testament gouverne votre succession à la fois en France et au Royaume-Uni mais, en général, cela est déconseillé pour plusieurs raisons. Premièrement, les problèmes de langue entraîneront la nécessité d’une traduction détaillée et éventuellement d’un avis juridique quant à la validité du testament dans chaque juridiction. Deuxièmement, comme on le verra ci-dessous, les lois des deux juridictions diffèrent considérablement, de sorte qu’un testament anglais peut s’avérer peu utile en France. Troisièmement, les testaments anglais contiennent invariablement des trusts qui peuvent donner lieu à des complications, ainsi que des obligations de faire des déclarations annuelles séparées, en France.

Alors qu’au Royaume-Uni, vous pouvez généralement laisser la totalité de votre patrimoine à qui que ce soit de votre choix, il n’en va pas de même en France, où certaines personnes ont des intérêts fixes qui peuvent être difficiles à éviter. Étant donné que le premier groupe de personnes ayant de tels intérêts fixes est constitué des enfants du défunt, cela ne posera souvent pas de problème. Cependant, ce n’est pas toujours le cas ; vous voudrez peut-être vous assurer que votre conjoint survivant hérite de tout en premier. Les enfants peuvent, bien sûr, provenir d’une relation différente, et ces points peuvent conduire à divers points de conflit potentiels.

Au Royaume-Uni, les droits de succession sont perçus à un taux forfaitaire de 40% quels que soient les bénéficiaires (avec exonération pour héritage au conjoint ou à une association caritative), le taux des droits de succession à payer en France dépend de la proximité entre le défunt et le bénéficiaire.

La même exemption au droit des successions s’applique en France pour les legs au conjoint survivant. En dehors de cela cependant, les taux varient jusqu’à 60% pour les bénéficiaires non liés au défunt. Le calcul des droits de succession peut donc devenir complexe, puisqu’il faut établir qui sont tous les bénéficiaires et leur relation avec le défunt, ainsi que le montant dont chacun hérite. Les taux d’imposition des enfants du défunt, par exemple, diffèrent de ceux des frères et sœurs, des cousins ​​ou des nièces et neveux.

Peut-être plus important encore, cependant, le calcul de l’impôt diffère entre les enfants et les beaux-enfants. Prenons l’exemple d’un couple marié, tous deux mariés auparavant et qui ont chacun un enfant de leur premier mariage, et qui ont dans leur propriété commune une maison d’une valeur de 300 000 £ sans autres biens. Au Royaume-Uni, on peut s’attendre à ce que le premier conjoint décédé laisse tout au conjoint survivant, qui répartirait alors la totalité de la succession à parts égales entre les deux enfants à son propre décès. Il n’y aurait pas de droits de succession au moment de l’un ou l’autre décès.

Cependant, si le même scénario se présentait en France, avec une valeur foncière de 300000 euros par exemple, alors qu’il n’y aurait pas de droits de succession à payer au moment du premier décès si le conjoint survivant héritait absolument de la maison, l’enfant du survivant paierait moins de 10 000 € de droits de succession, mais l’enfant du premier décédé supporterait une charge d’impôts d’environ 90 000 €. Il est donc clair que les droits de succession sont un point important à garder à l’esprit.

Dans l’exemple ci-dessus, j’ai mentionné que nous présumions que le conjoint survivant héritait de tous les biens français. Plus tôt, j’ai laissé entendre qu’il peut être difficile d’éviter une situation où ses propres enfants hériteraient d’au moins une partie de la succession, ce qui serait nécessaire dans ce cas si le conjoint survivant prenait tout. Cela peut être fait, mais il faut prendre en considération avant que l’achat ne soit terminé ; certainement une clause dans un testament – qu’il soit anglais ou français – disant que la totalité de la succession passera au conjoint survivant au décès, ne fonctionnerait pas en elle-même pour passer outre aux règles fixes d’héritage en France.

De nouvelles règles entreront en vigueur en août 2015, dont l’intention est de garantir qu’une personne ayant des actifs dans une autre juridiction pourra appliquer les règles de succession de son pays de nationalité aux actifs de l’autre juridiction. Le Royaume-Uni n’a cependant pas ratifié le traité concerné et il semblerait qu’il ne le fera pas. Le résultat de ceci est qu’il reste un doute pour le moment sur la possibilité pour British National d’appliquer les règles d’héritage anglais (ou écossais / irlandais du nord) à une propriété en France. Solliciter l’opinion des professionnels du droit aboutit à des réponses allant de « Non, ce n’est certainement pas possible » à « Oui, c’est certainement possible ». Nous devons donc vraiment attendre et voir avant qu’une orientation réaliste ne soit possible.

Bien que vous ayez déjà un testament en anglais, cela peut ne pas être utile ou pertinent, et cela peut même entraîner des inconvénients substantiels, en particulier à des fins d’impôt sur les successions. Rien ne remplace une analyse détaillée de votre situation actuelle et des mesures qui peuvent être prises dans l’ensemble. Les options potentielles dépendent de votre situation particulière, il n’y a donc aucune garantie que les suggestions énoncées dans les guides ou les livres puissent être appliquées avec suffisamment de précision à votre situation personnelle.

Si vous déménagez en France de façon permanente, il y aura d’autres domaines du droit que vous devrez prendre en compte – comme les pensions et les investissements. Il est essentiel que vous recherchiez un examen détaillé de ces questions : tous ces investissements sont susceptibles d’être traités différemment en France et au Royaume-Uni, et tout traitement fiscal préférentiel au Royaume-Uni pourrait bien être perdu en France. Différentes structures peuvent convenir. Il est donc très important de consulter des conseillers financiers et en investissement ayant une connaissance appropriée des deux juridictions.

Vous avez peut-être entendu dire qu’il existe un impôt sur la fortune en France. Cela s’applique à la valeur d’une maison française pour les résidents non français, et potentiellement à tout ce qu’une personne possède dans le monde pour les personnes résidant en France. Lorsque la valeur nette du patrimoine (il existe des indemnités telles que certaines dettes, certains actifs professionnels) dépasse 1,3 million d’euros, alors une taxe annuelle est appliquée sur la valeur totale au-delà des premiers 800 000 euros.

Il est clair que cet article n’a qu’une portée très limitée et doit donc être considéré comme un guide. Des circonstances différentes peuvent entraîner des situations sensiblement différentes, et à ce titre, il est important de prendre des conseils détaillés auprès d’avocats ayant une connaissance approfondie du droit français et anglais et des questions fiscales dans les meilleurs délais.

 

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